À L’ATTENTION DES PERSONNES QUI NE COMPRENNENT PAS POURQUOI NOUS PARLONS DE LA PALESTINE EN CE 8 MARS

 

En pleine préparation des événements du 8 mars, journée internationale des luttes féministes, nous avons reçu divers messages concernant notre décision de placer la Palestine au centre des mobilisations de cette année et questionnant notre positionnement quant aux violences subies par les femmes israéliennes le 7 octobre. Nous souhaitons y répondre publiquement par ce texte.

Le 8 mars est une journée internationale dans son essence, sa portée n’est donc en rien diminuée par l’expression d’une solidarité internationale envers un peuple opprimé. Nous ne serions pas à la hauteur de notre engagement internationaliste si nous ne placions pas ce 8 mars 2024 sous le signe de notre opposition à un génocide, l’une des expressions les plus monstrueuses du colonialisme et du racisme déshumanisant, qui plus est un génocide dont l’écrasante majorité (70%!) des victimes sont des femmes et des enfants.

Le Hamas a commis des violences horribles envers des civil-e-xs lors de son attaque, et depuis celles-ci sont instrumentalisées par Israël pour justifier son génocide, avec le soutien et la complicité de l’Occident.

En ce qui concerne Gaza, nous rappelons que les grossesses et menstruations se déroulent dans des conditions intenables, 50’000 femmes enceintes dont 5500 doivent accoucher dans le mois à venir, sans eau, nourriture, ni accès aux soins. La famine et la perte de proches, notamment d’enfants, sont des tragédies qui se répètent au quotidien depuis plus de 5 mois.

Les féministes du monde entier se mobilisent ce vendredi 8 mars en soutien au peuple palestinien, et en Suisse nous faisons de même non seulement à Genève mais également au sein de tous les collectifs du pays. Nous ne voyons aucune contradiction ou incohérence dans ce choix. Bien au contraire.

S’il est impossible d’être parfaitement exhaustivexs en tout temps, nous dénonçons toujours et systématiquement les violences sexistes et sexuelles commises à travers le monde, en particulier dans des contextes de guerres.

Nous nous solidarisons régulièrement avec les victimes de violences dans de nombreux pays et les évoquons systématiquement dans nos discours, voire leur donnons directement la parole quand c’est possible.

Lorsque l’actualité l’exige, nous mettons en toute logique un focus particulier sur un pays donné. L’Ukraine, l’Afghanistan, l’Iran, le Pérou ne sont que certains exemples de pays qui ont été plus particulièrement mis en avant ces dernières années. Nous restons constamment mobiliséexs.

Dans les discours qui seront prononcés ce soir avant le défilé, des groupes de femmes d’Argentine et des Philippines prendront également la parole pour parler des luttes féministes dans ces pays. Par contre, et c’est révélateur, c’est spécifiquement lorsque la Palestine est mise en avant que nous recevons ces questions.

La question pourrait se poser : pourquoi cette solidarité-ci est-elle remise en question ? L’ampleur des violences à Gaza et dans le reste du pays ne suffit-elle pas à justifier une mobilisation de solidarité particulière? Les vies palestiniennes ne valent-elles pas tout autant que les autres ?

Nous intimer de parler de toutes les victimes de toutes les violences sans mettre le focus sur la Palestine, c’est équivalent à clamer « All Lives Matter » face à une mobilisation « Black Lives Matter »

Nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette rhétorique qui fait le jeu de la propagande israélienne, qui cherche à détourner le discours public de son but final, l’annihilation des Palestinien-ne-x-s et l’appropriation de l’ensemble du territoire palestinien.

Aucune de nous ne sera libre tant que nous ne serons pas toutexs libre, voilà pourquoi nous nous mobilisons le 8 mars, en solidarité féministe avec toutexs les victimes de violences sexistes et sexuelles, et en particulier avec cellexs qui sont en Palestine.

Nous nous réjouissons de vous voir nombreusexs réuniexs ce soir autour des luttes féministes internationales !